de l'enfance à l'adolescence...

 

Ces derniers temps, sur les réseaux sociaux, et plus particulièrement sur Facebook, on a pu voir circuler une sorte de « défi » consistant à poster une photo de nous « enfant ».

Depuis que nous sommes confinés, il y a pas mal de chaines et de défis qui circulent sur la toile, ce à quoi je n’adhère presque jamais…

 

J’ai regardé et liké les photos touchantes et pleine d’émotion de mes amis, me laissant identifier pour m’inciter à participer.

Je me suis finalement prêtée au « jeu ».

Je savais déjà la photo que je posterai.

Ce portrait où mon père apparait, de profil, en second plan.

Je ne sais pas qui a pris cette photo, mais le bokeh* est parfait (*flou d’arrière plan pour celles et ceux qui ignorent le terme photo).

 

J’ai choisi cette photo car elle est représentative de mon enfance. 

J’ai environ 10 ans sur cette photo. Je suis certainement en CM1 ou en CM2. 

Je trouve que les élèves d’aujourd’hui, que je côtoie à l’école tous les jours, font plus grands, ont une tête plus mature.

 

Selon moi, l’enfance s’arrête à la fin de l’école primaire. 

Alors, cette photo va marquer la fin de quelque chose.

Je suis heureuse à l’école primaire, j’aime l’école et ne supporte pas l’idée de rater un jour de classe.

Ma maman me console lorsque la maitresse est absente car elle fait partie des parents qui peuvent, alors, garder leurs enfants (afin d’éviter de surcharger les autres classes).

 

Je suis insouciante, profondément gentille, je ne supporte pas l'injustice. Je crois profondément au père Noël. Certains pourront penser que j’étais une petite fille « naïve ». Peut-être…

 

L’adulte, dans mes souvenirs, avait raison et remettre en doute sa parole m’aurait paru bien irrespectueux et, peut-être, m’aurait coûté une fessée. 

Car, oui, j’ai connu la fessée. Et, je suis désolée de froisser les partisans de cette pratique, mais je suis contre. Le respect se joue sur un autre terrain selon ma vision des choses (mais ce n’est que mon avis).

 

Alors qu’une enfance douce et innocente se joue, une adolescence douloureuse se profile.

L’entrée au collège…c’est plus qu’une étape, ce fut une fracture pour moi.

Je voyais se transformer le cocon protecteur en une sorte de monde injuste, peu enclin à l’écoute et, parfois, très violent.

 

Dès l’entrée au collège, on me stigmatise car j’ai des boucles, mes cheveux frisés sont peu appréciés. Des mots, quelques brimades, des morceaux de papier dans mes cheveux… « on est bête à cet âge » me dira-t-on… Une bien maigre réponse pour me consoler.

Cela dure environ 2 ans… jusqu’à ce que je découvre le fer à lisser.

Les 10 ans qui suivront, j’arnache mes cheveux, je les lisse, les brûle sous le fer…je fais tout pour les oublier…

Je refuse même qu’on me les touche.

 

À l’époque, je me suis peu confiée sur le sujet. Dans mes souvenirs, à ma soeur qui était peinée par cela, et à mon amie d’enfance qui était ma voisine de palier, elle est encore très présente dans ma vie.

 

Bien des années plus tard, j’ai reparlé de ce malaise avec mes cheveux à un homme avec qui je suis restée plusieurs années. À force de s’intéresser à la personne que je suis au fond, il avait su me faire parler. Cela m’a fait du bien.

D’autres ont du sentir le malaise, sans chercher à comprendre...

 

Certes, il y a des blessures bien plus grandes, mais il ne faut jamais sous estimer le malaise d’un enfant ou d’un adolescent, car cela peut vous marquer « au fer rouge » pour plus tard.

 

Les adultes, les parents qui minimisent les blessures enfantines font, selon moi, une erreur.

 

Je n’ai pas d’enfant, mais je dis toujours à mes élèves de ne pas rester seul avec leur contrariété ou leur angoisse. 

Quelqu’en soit la nature, même si cela ne parait pas important, à partir du moment où cela nous oppresse, il faut se sentir libre d’en parler, d’être écouté, voir d’être aidé.

C’est le début de la communication sur ses émotions, une communication plus personnelle qui repose en grande partie sur la confiance.

 

Voilà ce que j’avais envie de vous dire. 

Evidemment, j’aurais pu poster simplement la photo, j’aurais pu…mais, j'avais envie de partager mon expérience avec vous pour rappeler qu'il ne faut pas rester seul avec un malaise et qu'il faut être fier de ce que l'on est.

 

Dans cet article, je tenais à féliciter les enseignants du Québec qui travaillent énormément sur la sphère des émotions à l’école. J’ai eu la chance de le découvrir durant toute une année.

 

Je tenais, également, à féliciter, la Belle Boucle, une jeune femme pétillante et pleine d’énergie qui met à l’honneur les cheveux bouclés et frisés, de manière quotidienne, par le biais d’un site internet et qui a donné envie à beaucoup de femmes (et même d’hommes) de laisser vivre leurs cheveux bouclés.

 

Enfin, je remercie, également, le personnel de l’Oiseau Bleu, ce salon de coiffure végétale qui se trouve à Nice, de m’avoir fait découvrir, il y a de cela 7 ans, une façon naturelle de s’occuper de ses cheveux.

 

Maintenant, je les laisse vivre, je ne les lisserai plus jamais car je les aime comme ils sont...