Cela faisait un moment que je souhaitais faire la Cime de la Malédie.
En fait, j'avais vraiment prêté attention à ce sommet lorsque j'ai fait le Gélas. La Cime de la Malédie apparait, alors, comme une imposante masse rocheuse vertigineuse. (voir photo ci-dessus)
Je ne savais pas si ce sommet était à ma portée. J'avais entendu dire qu'il n'était pas plus difficile que le Gélas mais que sa grande difficulté venait de l'ascension même du sommet, avec une instabilité de pierres particulièrement grande...et une absence totale de tracé qui vous demande de monter et de redescendre avec votre expérience, votre bon sens...
Je n'étais pas particulièrement en forme ces derniers mois (même si je fais de la rando de façon très régulière) et j'ai, donc, accepté quand le mari d'une collègue de travail m'a proposé de me mener en haut.
Je savais que je pouvais lui faire confiance de part son sérieux, son expérience et sa capacité à évaluer les risques en fonction des gens avec qui il marche.
Se sentir en sécurité psychologiquement lève chez moi toutes mes barrières mentales et je sais, alors, que je peux faire les choses sereinement et m'engager sans craintes.
La montagne requiert, certes, un minimum de connaissances et d'expérience du terrain mais, également, une confiance en soi (non excessive) qui vous permet de vous dépasser...sans vous croire pour autant invincible.
Au matin du départ, je me réjouis de pouvoir tenter cette ascension avec Nicolas et avec une météo particulièrement favorable.
Je monte doucement, vraiment doucement...comme si une petite voix me dit de ne pas me brûler les jambes au risque de ne pas faire l'ascension finale.
Je veux m'économiser et me sentir en forme dans la dernière partie.
Je pense que Nicolas a du se demander ce que je pinaillais...
Je voulais filmer aussi, et prendre quelques photos de ces précieux moments.
En rando, je me connais assez pour savoir que si je me cale sur le rythme de quelqu'un qui ne me convient pas, je suis...foutue.
Nicolas m'avait proposé de prendre baudriers et cordes pour m'assurer dans la dernière partie afin que je me sente "pleinement" en sécurité. J'avais accepté sa proposition...me disant : "au cas où, pourquoi pas".
Lorsque nous avons définitivement surplombé le Pas de la Malédie et que nous nous sommes retrouvés au pied du sommet, je me suis dit dans ma tête : "Impossible pour moi".
Comme nous faisions un pause de quelques minutes, je n'ai pas osé dire à Nicolas que c'était la première fois que j'étais aussi impressionnée et que cela me paraissait tout simplement impossible pour moi de monter.
Alors, j'ai profité de ces quelques minutes pour regarder cette montée apocalyptique, me demandant comment la randonneuse "raisonnable" que je suis pouvait grimper dans une pente aussi raide avec autant de roches de surface.
Toutes les conditions étaient réunies pour monter : le temps, Nicolas, ma volonté et, même si je ne suis pas une sportive aguerrie, les milliers de kilomètres de marche en montagne derrière moi étaient dans mes petites jambes.
Alors, j'ai décidé de faire confiance à Nicolas et à moi aussi. Je me suis laissée encorder comme un animal docile et mon guide d'un jour m'a conduite au pied de cette face vertigineuse.
Ce n'est que lorsque je me suis retrouvée dans le vif du sujet, dans la montée, que j'ai commencé à y voir plus clair et ce qui pouvait s'apparenter à du doute s'est envolé. Je n'étais plus ni impressionnée, ni soucieuse de ma capacité à monter, je ne pensais plus au fait que des pierres pouvaient nous tomber dessus. La voie était libre, nous étions seuls, mes jambes solides, je sentais toute l'assurance dans cet encordement que Nicolas menait parfaitement.
L'encordement ça ne s'improvise pas...les noeuds, les distances, la tenue de la corde, sa raideur ou sa souplesse en fonction des passages...je comprenais que je n'aurais pas pu être encordée à n'importe qui, car cette sécurité peut aussi être un grand danger si la personne ne connait pas les techniques de l'encordage.
Avec "une relative facilité", comme le dit Nicolas dans la vidéo qui sort dimanche, nous sommes arrivés en haut et j'ai pu admirer tous mes sommets jusqu'à l'Estérel.
Certainement, mon guide n'a pas vu l'émotion qui naissait en moi. J'ai pensé à ces derniers mois, aux épreuves passées, à tous ces moments où j'ai eu l'impression de ne pouvoir compter que sur moi...et j'ai été heureuse, alors, de recompter de nouveau sur quelqu'un, pour le temps d'une journée.
À dimanche pour la vidéo 🙂
Nhamias Jacques (vendredi, 22 octobre 2021 17:28)
Superbe récit, on ferme les yeux et on voit les images défilées...
Comme je dis souvent, La Montagne est l'école de la vie avec ses doutes, ses échecs et la joie, la confiance, le partage... le bonheur quoi !!!
Merci Céline ��
Nicolas (jeudi, 21 octobre 2021 20:14)
Au plaisir d’une autre sortie avec ou sans corde! �